Mon enfant pleure quand je le dépose à l’école : culpabilité, angoisse de séparation, cerveau de l’enfant… Découvrez pourquoi les pleurs sont normaux et comment les accompagner

Bébé pleure pour me faire culpabiliser ? Ce que dit la science

Ce matin, en déposant mon fils à l’école, quelqu’un m’a dit : « Il pleure juste pour vous faire culpabiliser.« 

 

Et si vous aussi on vous a déjà dit ça, cet article est pour vous. Parce que non, les pleurs d’un bébé ou d’un jeune enfant ne sont pas de la manipulation. Ils sont son premier langage, un appel à votre soutien.

Les pleurs : un langage, pas un caprice

Avant de parler, votre enfant n’a qu’un seul moyen de communication : ses pleurs.
Quand il pleure, il peut être en train de dire :

  • « J’ai peur de te quitter »

  • « J’ai besoin de ton câlin pour me rassurer »

  • « J’ai peur de ce nouvel endroit »

  • « J’ai besoin que tu m’aides à gérer mon émotion »

  • Et tellement d’autres choses !

👉 Les pleurs ne sont pas un caprice.
Un caprice suppose une intention volontaire de provoquer une réaction précise, et cela demande un cerveau bien plus mature que celui d’un jeune enfant.

Pourquoi votre enfant pleure à la séparation

Quand vous le déposez à l’école, chez la nounou ou à la crèche, votre enfant vit une séparation qui peut être difficile pour lui.

C’est normal qu’il pleure :

  • parce qu’il ressent une insécurité face à l’inconnu,

  • parce qu’il a besoin d’être sûr que vous allez revenir,

  • parce qu’il n’a pas encore toutes les compétences émotionnelles pour se calmer seul.

Les pleurs sont un signe de lien d’attachement sain.
Ils montrent qu’il a confiance en vous pour exprimer son émotion.

“Il s’arrête de pleurer quand vous partez, donc tout va bien !” … Pas toujours.

Vous avez peut-être déjà entendu ça. Mais il faut savoir que cesser de pleurer ne veut pas toujours dire que votre enfant est apaisé.

 

Deux situations sont possibles :

1️⃣ Il a trouvé du réconfort : l’adulte présent l’a consolé, il se sent rassuré et peut reprendre son exploration.
➡️ C’est l’idéal !

 

2️⃣ Il a compris que pleurer ne change rien et il se met en “mode économie d’énergie”.
➡️ Ce n’est pas de l’apprentissage positif, c’est de l’inhibition : il retient ses émotions mais son stress reste élevé (les études montrent que le taux de cortisol, l’hormone du stress, peut rester haut même quand les pleurs cessent).

 

Dans les deux cas, il a besoin de vous pour retrouver sa sécurité affective.

Le cerveau de l’enfant n’est pas fait pour manipuler

Pour manipuler, il faut :

  • anticiper les réactions d’autrui,

  • élaborer une stratégie,

  • avoir une intention consciente de provoquer un résultat.

Ces capacités dépendent du cortex préfrontal, qui se développe très lentement et atteint sa pleine maturité autour de 25 ans.

Un bébé, un tout-petit, même un enfant de maternelle, ne peut pas pleurer pour vous faire culpabiliser.
Il ne joue pas un rôle. Il vit une émotion intense et la communique de la seule manière qu’il connaît.

Ce que vous pouvez faire pour l’accompagner

💡 Accueillir ses pleurs, c’est l’aider à se réguler.

 

  • Mettre des mots sur ses émotions :
    « Je vois que tu es triste que je parte. Je reviens te chercher après la sieste. »
    Cela lui donne un repère temporel et normalise ce qu’il ressent.

 

  • Créer un rituel de séparation :
    Un câlin spécial, un petit mot, un dessin identique sur le poignet, un doudou qui fait le lien entre la maison et l’école.

 

  • Prendre le temps de transmettre le relais :
    Présentez l’adulte qui va s’occuper de lui. Un contact chaleureux peut l’aider à se sentir en sécurité.

 

  • Vous déculpabiliser :
    Ces pleurs ne veulent pas dire que vous êtes un “mauvais parent”.
    Au contraire : ils montrent qu’il a suffisamment confiance en vous pour exprimer ce qu’il ressent.

Retenons l’essentiel

✅ Les pleurs sont une communication, pas une manipulation
✅ Le cerveau de votre enfant n’est pas assez mature pour “faire culpabiliser”
✅ Arrêter de pleurer ≠ être forcément apaisé
✅ Votre rôle est d’accueillir son émotion, pas de l’empêcher de s’exprimer

 

C’est grâce à votre réponse bienveillante qu’il apprendra progressivement à se calmer, à se séparer, et à retrouver confiance en lui.

Sources et études

  • Bowlby, J. (1969). Attachment and Loss. New York: Basic Books.

  • Ainsworth, M. D. S. et al. (1978). Patterns of Attachment. Hillsdale: Erlbaum.

  • Zeifman, D., & St James-Roberts, I. (2017). Parenting the crying infant. Current Opinion in Psychology, 15, 91–97.

  • Gunnar, M. R., & Donzella, B. (2002). Social regulation of cortisol levels in early human development. Psychoneuroendocrinology, 27(1-2).

  • Siegel, D. J. (2012). The Developing Mind: How Relationships and the Brain Interact to Shape Who We Are.