
Mon allaitement est-il responsable de ma perte de libido ?
L’arrivée d’un bébé bouleverse bien des aspects de la vie d’une femme, y compris sa sexualité. Parmi les questions fréquentes que je reçois en consultation, beaucoup concernent la libido pendant l’allaitement. Alors, allaiter impacte-t-il vraiment la libido ? Pourquoi certaines mamans ressentent-elles une baisse, et d’autres non ? Voici ce qu’il faut savoir, avec des chiffres, des explications claires et des conseils pour mieux comprendre cette période.
Les hormones de l’allaitement jouent un rôle... mais ce n’est pas tout
Pendant l’allaitement, deux hormones principales sont à l’œuvre : la prolactine et l’ocytocine.
- La prolactine stimule la production de lait et tend à réduire la production des hormones sexuelles, ce qui peut entraîner une baisse de libido.
- L’ocytocine, appelée aussi hormone de l’attachement, favorise le lien mère-bébé, la sensation de bien-être, mais elle peut aussi moduler le désir sexuel.
Les études montrent que 40 à 60 % des femmes allaitantes rapportent une baisse de libido au cours des premiers mois post-partum (source : American Journal of Obstetrics and Gynecology, 2016). Mais attention : ce n’est pas une fatalité, certaines mamans ne constatent aucune baisse, voire parfois une augmentation liée à un mieux-être émotionnel.
Le contact permanent et la saturation affective
Allaiter, c’est beaucoup de proximité, de câlins, de contacts peau à peau… Ce lien intense est merveilleux mais peut parfois créer une sensation de saturation émotionnelle ou d’épuisement sensoriel.
Cette proximité constante peut faire que certaines mamans ont moins envie de moments intimes en dehors de ce cadre, car elles sont « remplies » affectivement. C’est une expérience normale à écouter sans culpabiliser.
Mais la libido ne dépend pas que des hormones !
La maternité bouleverse aussi bien d’autres dimensions qui influencent le désir sexuel :
- La fatigue extrême : les nuits hachées, les réveils fréquents, la charge mentale… tout cela pèse énormément. La fatigue est l’une des causes principales de baisse de libido.
- La charge mentale : organiser la maison, penser aux courses, au suivi du bébé, au travail… ce stress réduit naturellement le désir.
- Le manque de temps pour soi : quand on est en mode « survie », difficile de se reconnecter à son corps et à son plaisir.
- Les douleurs post-accouchement : cicatrices, épisiotomie, seins sensibles, douleurs vaginales peuvent freiner l’envie.
- Le rapport au corps : après la grossesse, le corps change. Certaines femmes peuvent avoir une image corporelle modifiée qui impacte la confiance en soi.
- Le contexte émotionnel et relationnel : la relation avec le partenaire peut être tendue, ou au contraire renforcée, ce qui influencera la sexualité.
- Le stress et l’anxiété : liés à la nouvelle organisation, à la peur de ne pas être à la hauteur, ou aux hormones.
- La contraception : certains moyens contraceptifs peuvent aussi affecter la libido.
Quelques chiffres pour mettre en perspective
50 % des femmes constatent une baisse de libido durant le post-partum (étude Journal of Sexual Medicine, 2017).
70 % des femmes rapportent une diminution du désir sexuel dans les 3 mois suivant l’accouchement (source : Société Française de Gynécologie).
Environ 30 % des couples déclarent un impact négatif sur leur vie sexuelle après la naissance (source : INED).
Ces chiffres soulignent que la baisse de libido est fréquente mais pas systématique. Et surtout, elle est multifactorielle.
Comment accompagner sa libido pendant l’allaitement ?
Voici quelques pistes simples pour mieux vivre cette période :
- Parler avec son partenaire : la communication est essentielle pour exprimer ses besoins et ses limites sans pression.
- S’autoriser du temps pour soi : prendre quelques instants pour se détendre, se recentrer, même 10 minutes par jour.
- Ne pas culpabiliser : la libido fluctue, c’est normal, ce n’est pas un problème personnel.
- Prendre soin de son corps : massages, soins doux, confort vestimentaire, éviter les douleurs.
- Consulter un professionnel : sage-femme, sexologue, ou consultante en parentalité peut aider à mieux comprendre les ressentis.
- Intégrer des moments de tendresse sans pression : câlins, caresses, massages peuvent maintenir la connexion sans forcément mener à tes rapports sexuels.
- Veiller à une bonne hygiène de vie : sommeil, alimentation, hydratation, activité physique douce.
A retenir
L’allaitement peut effectivement influencer la libido via les hormones et la proximité permanente, mais il ne faut pas réduire la question à cela. La fatigue, la charge mentale, le corps qui change, le vécu émotionnel et la relation au partenaire jouent un rôle tout aussi important. Il est normal de voir son désir fluctuer dans cette période intense de la vie.
Si tu traverses ce moment, sache que tu n’es pas seule et que c’est temporaire. Prends le temps d’écouter ton corps, de communiquer avec ton entourage, et surtout, d’être douce avec toi-même.